La Nef des Fous, le carnet de bord de Jean-Pierre Humbert
La nef des fous ... Le carnet de bord de mes aventures et de mes rencontres picturales … Avec moi, larguez les amarres et voyagez au long cours en position assise … Naviguons gaiement, ensemble vers l’inéluctable naufrage...
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J’ai sous les yeux un article de dix pages consacré à Andy Warhol par la revue Beaux-Arts. Je suis rassuré, ses œuvres se vendent très, très, très cher. C’est évident, à ce prix, c’est un grand, un très, très, très grand artiste. Le plus humble des parvenus mondialisés est prêt à sacrifier une partie de sa fortune pour s’offrir une de ses créations.
Le décor est posé, je peux feuilleter l’article avec vous. Sur les pages une et deux, sont reproduites neuf boîtes de « SOUP Campbell’s » CONSOMMÉ – ONION – CHICKEN NOODLE – BLACK BEAN – VEGETABLE – PEPPER POT – BEEF – TOMATO – GREEN PEA – CREAM OF MUSHROOM. Visiblement l’Andy a suivi une formation de publicitaire. Des emballages de ce genre, nous sommes quelques milliers à en avoir dessinés ou photographiés. Jusque là, émotion-zéro, savoir faire-bof, créativité-bof, mais, selon l’auteur de l’article, un travail clairement révolutionnaire, révolutionnaire-zéro, bien sûr.
Pages trois et quatre, une phrase du journaliste qui finit par une citation du maître : Le phénomène de la répétition dans le travail de Warhol est clairement lié à une de ses déclarations fracassantes selon laquelle il aimerait bien être une machine. C’est suivi par la reproduction de 16 photographies noir-blanc de madame Kennedy, juxtaposées et imprimées en sérigraphie sur des fonds de couleur ainsi que de 36 photographies de madame Ethel Scull. Point d’orgue de cette double page, la bonne parole d’Andy : Si vous voulez savoir qui je suis, regardez la surface de mes tableaux et de mes films. Il n’y a rien derrière. La messe mondaine est dite. Suivent les photos colorisées d’autres têtes d’affiche ( Marylin, Mao, la boîte de coca et Andy himself, etc… ).
Inutile de s’attarder plus longtemps sur les plaisantes et populaires images produites par Andy Warhol. Son immense succès en dit long sur l’efficacité du matraquage publicitaire. Son œuvre et ses thèmes sont la vulgarisation fidèle des « idéaux » et des « dogmes » des sociétés industrielles. Parfaites représentations de notre mercantile univers prosaïque, les boites de conserve de Warhol figurent de manière servile l’abondance de produits frelatés que nous imposent les milliardaires philanthropes de la mondialisation.
Mais, pas de problème, les citoyens libres du monde libre adorent la servitude qu’ils ont conquise de haute lutte.
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