Nef des fous

La Nef des Fous, le carnet de bord de Jean-Pierre Humbert

La nef des fous ... Le carnet de bord de mes aventures et de mes rencontres picturales … Avec moi, larguez les amarres et voyagez au long cours en position assise … Naviguons gaiement, ensemble vers l’inéluctable naufrage...

Pour recevoir les articles par email, vous pouvez vous abonner ci-dessous:

Nef des fous

La Nef des Fous, le carnet de bord de Jean-Pierre Humbert

La nef des fous ... Le carnet de bord de mes aventures et de mes rencontres picturales … Avec moi, larguez les amarres et voyagez au long cours en position assise … Naviguons gaiement, ensemble vers l’inéluctable naufrage...

Pour recevoir les articles par email, vous pouvez vous abonner ci-dessous:

La nef des fous
Carnet de bord de Jean-Pierre Humbert

LES 3 ARBRES


Aujourd’hui, je vous invite à lire le récit imaginé par Pierre Savary pour illustrer ma gravure
LES 3 ARBRES. Texte et dessin parus dans le livre [Par défaut…] Jean-Pierre Humbert édité en 2007 par ESTAMPE.ORG.

En toute fin de cette publication de ma Nef des Fous, vous trouverez une reproduction du chaleureux article de Pierre Savary, destiné à présenter l’exposition que le Musée Gruérien avait consacrée à mes œuvres en 1983.

 

Pierre Savary

Né en 1956 à Sâles, Pierre Savary est depuis 1978 attaché au journal La Gruyère. Il y a travaillé comme rédacteur-journaliste et chroniqueur polyvalent avant de prendre en charge le secrétariat technique. Dans les colonnes du tri-hebdomadaire, il s’est exprimé dans des rubriques bariolées (Fanfreluches, Les gens de Margebert, Le saviez-vous), puis est tombé tête la première dans les astuces de langage pour les Mots fléchés de Pierrot.

Parallèlement, il a collaboré à une quinzaine d’aventures scéniques et éditoriales. Il a mêlé sa plume aux portées de plusieurs compositeurs : Francis Volery (Banaudon, 1988), Oscar Moret et Jean-Claude Kolly (L’oura di chenayè, 1989), Jean-François Bovard (L’enfant qui n’avait pas de nom, 2003), André Ducret, Yves Piller, Gérald Kaeser. Aux Editions La Sarine, il a signé ou cosigné Les chemins qui montent, Les chemins qui descendent, Teddy Aeby, La Trace avec Jacques Cesa ou encore Simon Glasson, un atelier de photographie en Gruyère. Pour les Éditions gruériennes, en 1999, il a fait revivre les odeurs de foins coupés dans Fraise des bois, avec des illustrations de Gisèle Rime.

Présentation empruntée au site internet Babelio

 

 

LES 3 ARBRES – Gravure – JPH – 1995

 

LES 3 ARBRES
Par Pierre Savary

Les jeunes quartiers sont incroyables. Ils travaillent jusqu’à point d’heure et sont bien capables, après ça, de boire du gin fizz toute la nuit. Ils ont des boîtes pour. Des boîtes à travailler, des boîtes à s’amuser. Les unes à côté des autres. Quand une boîte à travailler doit fermer pour cause de diablerie économique, elle est transformée en boîte à s’amuser. Et les ouvriers d’avant grattent leurs poches pour les verres d’après, qui pétillent sans conviction sur l’établi repeint en gothic metal. Le didjé anthracite fait le clown, il s’est mis un nez vert.

Les jeunes quartiers sont impitoyables. Ils jouent des coudes, ils s’administrent l’espace. Ils avancent à grands coups de pelle, le menton en avant, nuque d’acier et hanches de béton. Devant l’offensive, les aînés, les vieux quartiers, cotonnent de tous leurs membres. Ils se tiennent par la manche, ils retirent leurs pattes et rentrent leurs antennes. Ils se resserrent, se contractent, se recroquevillent. Ils respirent à petite haleine le peu d’air que leur laissent les narines conquérantes. Ils se voient repoussés là où les bâtisseurs perdent leurs idées, sur les talus à moutons et les anciens ruclons.

Et la vague enfle encore, et les plus vieux des vieux quartiers se retrouvent à fleur de vide, âpre cortège médiéval où les maisons font la queue devant le gouffre, devant l’oubli.

Une crevasse apparaît sur la falaise. Le pan de mémoire craque comme un glacier au dégel.

A un jet de bouteille à encre, là où les racines du monde plongent dans la terre souple et profonde, trois chênes maigres se fabriquent leur propre destin. Les deux premiers, comme les filaments d’une ampoule, posent un point d’interrogation : suffit-il de lever les bras pour décrocher la lune ? Le troisième fait le clown, il s’est mis des feuilles.

 


Un des croquis qui ont jalonné le processus de création de la gravure Les 3 arbres

 


Une autre des nombreuses étapes du sentier de la création de la gravure Les 3 arbres

 


Encore un autre état 

 


La plaque et la dernière épreuve de la reprise en 1996 d’un détail de la gravure Les 3 arbres

 

Article de Pierre Savary – 1983

 

Le DON QUICHOTTE qu’évoque Pierre Savary,
dans l’article ci-dessus reproduit – Technique mixte – JPH – 1983

Pour recevoir les articles du carnet de bord de Jean-Pierre Humbert par email, vous pouvez vous abonner en cliquant sur ce lien.