La Nef des Fous, le carnet de bord de Jean-Pierre Humbert
La nef des fous ... Le carnet de bord de mes aventures et de mes rencontres picturales … Avec moi, larguez les amarres et voyagez au long cours en position assise … Naviguons gaiement, ensemble vers l’inéluctable naufrage...
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2021 – C’est avec ce titre que Fribourg fête le jubilé du Big Bang pictural
et de la création artistique ex nihilo
S’il tient à préserver une quelconque dignité spirituelle,
l’homme doit négliger son statut de contemporain.
Emil Cioran
Treize artistes à FRI ART – Photo diffusée sur internet
Discoteca Analitica – Fri-Art – 2019 – Photo de Thomas-Julier, diffusée sur internet
À quelques jours près, il y a environ quatorze milliards d’années était LE VIDE. Cette très longue période de vacuité a pris fin en 1981 avec l’arrivée de FRI ART, le fameux mouvement artistique qui a généré le Big Bang culturel et donné naissance à l’art. C’est donc un exploit mémorable qu’a réalisé Riton (Michel Ritter, c’était son sobriquet – 1949-2007) qui en fut le fer de lance (1). Avant lui et ses amis, l’univers artistique n’existait pas. C’est donc à Fribourg, qui, comme chacun le sait, est le centre du monde, qu’a eu lieu le Grand Boum cosmologique qui a donné naissance à l’art.
Il faut cependant rappeler que ce véritable miracle doit beaucoup à la gomme à déconstruire, génératrice de vide, mise au point par Marcel Duchamp (un des nombreux surnoms du vide), une personnalité qui a su mettre le néant en lumière. Dans un prochain épisode des publications de mon carnet de bord, je vous révélerai la nature des liens qu’a entretenu cet homme avec Fribourg, liens qui font de ma ville un des phares de l’univers. Sans ces êtres d’exception, les individus frustes, de type plus ou moins traditionalistes, en seraient encore à cultiver ce qu’ils appellent leurs racines. Des artistes, mais aussi la foule des gens ancrés, qui croient que démanteler ce qui a été édifié pendant des siècles et livrer les résultats brut de ces actes de dissection et de destruction au public n’a rien à voir avec de l’art. Provoquer, repousser les limites de l’arrogance et du mépris, participer à la sinistre fête de la mondialisation “heureuse”, exister aux yeux des classes dirigeantes, des richissimes, et des institutions publiques, arriver avec ou sans talent, sans effort, à n’importe quel prix … entretenu par les institutions publiques, ou mieux encore, par l’un ou l’autre milliardaire promoteur d’une humanité hors-sol… tel est “l’art” qui se réclame de l’énergie du vide, l’art quantique en quelque sorte.
Quarante ans après la fondation de FRI ART, dopée à la reconnaissance officielle, la caste des “créateurs contemporains” a proliféré et occupe aujourd’hui l’essentiel des espaces prestigieux réservés aux artistes vivants. Exhibées dans des centres d’art et des musées qui leurs sont consacrés, leurs “œuvres” sont imprégnées de la doxa quasi-religieuse du progrès qui nous est imposée de manière toujours plus brutale. On peut donc dire que l’artiste labellisé contemporain représente parfaitement la société dite avancée des “civilisés” qui détiennent la vérité vraie qui, parait-il, ferait d’eux l’élite de l’humanité. Pour le bonheur du cheptel de huit milliards d’hommes et de femmes qui peuplent la terre, les preux chevaliers de la juste-pensée sont fermement décidés à imposer cette vérité scientifiquement certifiée à n’importe quel prix. Après le rêve socialo-communiste, après le rêve national-socialiste, place au rêve socialo-écolo-mondialiste … décidément, les ravis de la crèche laïque et égalitaire nous promettent de beaux jours. Comme il se doit, la population des artistes contemporains, fonctionnaires de l’empathie et détenteurs exclusifs de la révolte subsidiée s’engageront à fond pour la liberté obligatoire.
Soyons optimiste… le lecteur de ce message soigneusement pondéré, trouvera peut-être que, malgré ma retenue de bon aloi, j’exagère, et qu’insensible, avec mes seuls préjugés pour arguments, je pérore à propos de ce que je ne connais pas, ou pire de ce que je ne comprends pas. Non, fidèle lecteur, je ne suis pas cet imposteur. Bien que depuis quelques années je fuie les performances et contre-performances organisées par les têtes aérées par les courants d’air du moment, à l’époque du Grand Boum, je fréquentais régulièrement son détonateur, l’explosif Michel Ritter et la galaxie de ses disciples et j’assistais aux exhibitions qu’ils organisaient. Malgré nos flagrants désaccords, nos rapports étaient amicaux et les discussions très animées. J’ai donc vécu en “live-direct” l’émergence du mouvement qui est honoré en cet an de disgrâce 2021. Un mouvement “artistique” aujourd’hui omniprésent et omnipotent qui, comme Alain Berset son ministre de tutelle en Suisse, sait imposer sa loi. Par le passé, j’ai refusé le pass-plasticien qui devait m’ouvrir les portes de la réussite. Maintenant, mon allergie à l’autoritarisme se confirme avec mon rejet du pass-covid. Décidément, le seul pass que je possède est celui de la sortie …
(1) Le serpent Fer de Lance est considéré comme l’un des serpents les plus dangereux du Costa Rica. Il fait partie de la famille des Viperidae et du genre Bothrops. Au Costa Rica il est responsable des morsures les plus fréquentes chez les serpents. – Wikipedia
Une banane scotchée au rouleau adhésif sur un mur pendant l’exposition d’art contemporain Art Basel à Miami, aux États-Unis, a été vendue pour 120 000 dollars. Nommée “Comedian”, l’œuvre d’art, réalisée par Maurizio Cattelan, a été acquise par un collectionneur de nationalité française. – Wikipédia
Avec sa banane à 120 000 dollars, Maurizio Cattelan démocratise l’art du vide selon un journaliste de la presse de grand-chemin. Décidément le prix de la démocratie est en train de flamber et elle avec.
Le doigt d’honneur est à l’honneur – à la mode – parmi les génies du contemporain. Après ceux de Wei Wei, qui a beaucoup donné, celui de Cattelan – ci-dessus reproduit – est représentatif de la mentalité des protagonistes de cet “art” qui se prétendent politisés, et qui assènent méthodiquement des cours de “morale élémentaire” destinés aux demeurés. Une bonne affaire pour les vedettes du mouvement dont le sans-gêne est simplement abyssal. Admirez le clin d’œil du lèche-cul Cattelan à ses parraineurs !
La merde a de l’avenir.
Vous verrez qu’un jour on en fera des discours.
Louis Ferdinand Céline
Merde d’Artiste – Merda d’artista – est une œuvre de l’artiste italien Piero Manzoni influencée par les ready-mades de Marcel Duchamp. L’œuvre réalisée en 1961 se compose de 90 boîtes de conserve cylindriques en métal (4,8 × 6 cm), hermétiquement fermées, qui contiennent les excréments de l’artiste, étiquetées, numérotées et signées. La cote des boîtes est montée dans les années 1960, des années après la mort de l’artiste, grâce à d’avisés marchands italiens, parisiens puis américains. Certaines ont atteint le prix de 3’000 grammes d’or, et les boîtes dont on riait ont commencé à circuler sur le marché de l’art. Aujourd’hui, un grand nombre d’entre elles ont été vendues (la famille Manzoni en possédant encore 5) et se retrouvent dans diverses collections d’art contemporain dans le monde entier. Elles se négocient à un prix élevé, comparé à celui qu’avait fixé l’artiste, à l’exception toutefois de quelques-unes qui se mirent à fuir probablement à cause de la corrosion et de la pression du gaz… Le 16 octobre 2015 une boîte a été adjugée pour 182 500 £ (soit environ 202 980 €) lors d’une vente aux enchères chez Christie’s à Londres. Le 28 octobre 2014 une boîte avait été adjugée 129 000 € (soit en incluant les frais d’enchères 160 920 €) lors d’une vente effectuée par l’étude Cornette de Saint Cyr à Paris.- Wikipedia
HOMO SAPIENS…vraiment ? – Technique mixte – JPH – 2008 – 1975
LA DÉBANDADE
Par JPH
Dans le miroir pictural de notre temps,
Omniprésente, désabusée, arrogante et moralisatrice,
La disgracieuse face botoxée de l’homme augmenté,
la gueule gonflée à l’hélium de l’artiste contemporain.
Dans le musée impérial du matérialisme mondialisé,
Quelques cuvettes de chiottes recyclées,
Des reliquats de la dernière bamboula
D’une association culturelle subventionnée.
Dans la grande salle d’exposition,
Corrompus par un(e) « commissaire » d’un genre indéterminé,
Deux joyeux ramasseurs d’ordures ménagères
Ont déversé les fruits pourris de leur tournée matinale.
Dans les pages des journaux à prétentions intellectuelles et culturelles,
Un savant reportage relate tous ces pénibles faits-divers.
Par la grâce de ce délicieux baratin ludique et didactique,
Vous apprendrez à vous ouvrir à la bêtise.
Christoph Büchel, Dump, 2008 – Exposition Superdome – Palais de Tokyo – Paris – 29 mai – 2008 Photo Stefan Altenburger
Si l’envie vous prends de prolonger votre promenade parmi les chefs d’œuvre qui se réclament de l’avant-garde du progrès, je vous invite à lire deux autres articles de la rubrique L’OCÉAN ARTISTIQUE – Courants froids de mon carnet de bord.
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