Nef des fous

La Nef des Fous, le carnet de bord de Jean-Pierre Humbert

La nef des fous ... Le carnet de bord de mes aventures et de mes rencontres picturales … Avec moi, larguez les amarres et voyagez au long cours en position assise … Naviguons gaiement, ensemble vers l’inéluctable naufrage...

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Carnet de bord de Jean-Pierre Humbert

LA PENSÉE DE BOIS

LA PENSÉE DE BOIS -JPH- 1999 – Technique mixte

 

Hier, pour remettre au pas une mèche rebelle, je me suis regardé dans le grand miroir qui trône à gauche de la porte de sortie de ma maison. Il me réservait une étrange surprise. À moi qui ne porte jamais le moindre couvre-chef, il renvoyait l’image d’un homme coiffé d’un chapeau pourvu d’un tronc très haut de forme agrémenté de ramifications pourvues de branches aux pointes acérées. Des pointes qui ne demandaient qu’à passer pour des cornes. Je ne me suis pas reconnu. Intrigué, angoissé, dubitatif, j’ai scruté et interrogé la glace.

Si ce n’est pas moi, qui est-ce ?

Lentement, j’ai compris le message et tout ce qu’il révélait … bien sûr, si ce n’était pas moi, c’était donc vous. Vous qui aimez les accents onctueux de la langue de bois, vous qui répétez, avec un élégant brin d’arrogance, le sirupeux mensonge de vos maîtres et de leurs porte-voix. Vous, chers et bienheureux amis, qui préférez la quantité à la qualité. Vous, amateurs passionnés du pain et des jeux qui vous sont généreusement offerts par d’aimables vendeurs de publicité. Vous, éternels enfants, à qui d’astucieux manipulateurs ont inoculé le virus de la pensée de bois. Une pensée que les dialecticiens de la mondialisation arrosent consciencieusement de discours aux arguments lénifiants. Une pensée qui, quoi qu’il se passe, vous permet infailliblement de choisir le bien, qui vous impose de mépriser et d’écraser le mal. Une pensée rassurante, dotée d’un accès direct au cerveau, qui vous susurre que vous détenez la vérité. Une pensée qui vous évite le difficile effort de la réflexion et vous donne tous les droits. Un immense et réconfortant mensonge qui fait du bien.

Je n’ai pas de chance. Après la révélation faite à Moïse à l’intérieur du Buisson Ardent qui brûle sans jamais se consumer, voici qu’un miroir me confirme, en exclusivité, les soupçons des complotistes les mieux informés. C’est le moment d’écraser, de se taire, d’accepter de se faire tondre pour le bien commun de quelques petits malins. Je n’arrive pas à y croire, me voici empêtré dans une affaire à être interné en clinique psychiatrique comme au bon vieux temps du communisme et du matérialisme dialectique. Décidément, il faut se méfier du matérialisme. Dialectique ou pas, ses effets à long terme sont toujours les mêmes.

Je vous livre, ci-contre, le portrait de l’homme à la pensée de bois qui, depuis hier, squatte mon plus beau miroir. Il y a peu de chance que vous vous reconnaissiez, mais méfiez-vous quand même. Peut-être que vous n’êtes pas celui que vous pensez.

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